Nexans, acteur stratégique de l’électrification de l’économie
Entreprise de produits et services de câbles servant à l’électrification de notre économie, Nexans est aussi un grand consommateur de cuivre. Les activités de l’entreprise sont donc au cœur des enjeux liés à la transition énergétique, à la préservation des ressources et de la biodiversité.
Nexans, 6,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 28 000 collaborateurs dans 42 pays du monde et 75 usines. Christopher Guérin en est le Directeur Général depuis 2018, après avoir évolué au sein du groupe pendant près de 20 ans. Il a porté la transformation de l’entreprise, à la fois dans l’évolution du portefeuille d’activités, qui s’est progressivement tourné vers plus de durabilité, mais aussi dans la gestion opérationnelle et humaine de l'entreprise. La performance boursière de la société a depuis largement validé la pertinence de cette transformation.
Alors que la société était en très grande difficulté en 2010, avec un cours de Bourse oscillant entre 20 et 22€ et un risque d’OPA hostile, Nexans a depuis largement redressé la barre. 2022 est d’ailleurs une année record pour le groupe, à la fois en termes de génération d’EBITDA, de free cashflow normalisés et de retour sur capitaux employés. Nexans bénéficie d’une liquidité améliorée suite au placement récent de son actionnaire chilien Invexans et d’un bilan solide.
Convaincus que la création de valeur n’est durable que si l'économique, l'humain et l'environnement sont liés, nous pensons que Nexans fait partie des entreprises dont le modèle d’intégration ESG est créateur de valeur.
Face à l’urgence de l’électrification de l’économie, Nexans se recentre sur son cœur de métier
Le groupe Nexans est né en 1879, lorsqu’émergeaient les premières technologies dans le domaine de l'électricité et que des entreprises comme Edison ou Westinghouse ont eu besoin de câbles pour conduire l'électricité. Nexans a ainsi été un acteur de la première grande révolution électrique, entre 1890 et 1910 : 20 ans de méga investissements dans les infrastructures électriques, qui ont vu les premiers réseaux électriques se dresser et, avec eux, l'électricité arriver aux premiers étages des immeubles.
La troisième révolution électrique est en marche
La troisième révolution électrique s’est amorcée en 2020 et avec elle, un hyper cycle de 20 nouvelles années d’investissements dans le domaine de l’électrification, liés au basculement des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, au renouvellement de l’entièreté des réseaux électriques européens, américains et sud-américains, ainsi qu’à l’électrification de notre quotidien pour accélérer la décarbonation.
La période actuelle est donc marquée par un momentum majeur sur le thème de l’électrification, à la fois sur la génération d’électricité, sa transmission, sa distribution et ses usages.
A titre d’illustration, sur la partie « génération d’électricité », les trois grands acteurs des câbles haute tension, dont Nexans fait partie, devraient annoncer d’ici fin juin 2023 des carnets de commandes saturés jusqu’en 2026. En effet, dans les villes, la peur est au « black-out » tant les réseaux électriques sont obsolètes et doivent entièrement être renouvelés. Pour l’anecdote, c’est la raison pour laquelle les stations de charge ne poussent pas comme des champignons malgré le développement majeur des véhicules électriques. Par ailleurs, la crise du gaz accentue naturellement la tension sur les réseaux : beaucoup d'industries, les raffineries notamment, basculent sur le réseau électrique pour ne plus dépendre du gaz.
Nexans privilégie une croissance verte sur l'électricité
Pure player de l’électrification pendant les 80 premières années de son histoire, Nexans avait entamé une diversification dans les années 1990, dans le domaine des télécoms, de l’automobile et des industries. Le groupe vient d’annoncer la vente de ses activités Télécom et Industrie Solutions, et cherche à vendre ses activités automobiles, afin de se recentrer sur son cœur de métier. Ces trois business représentent 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires et 10% d’EBITDA en moyenne. Sur l’électrification, Nexans cherche à atteindre un EBITDA entre 11 et 13%.
Nexans est par ailleurs en train de cesser ses activités liées aux plateformes pétrolières pour privilégier une croissance verte, et rebascule progressivement ces capacités sur les fermes éoliennes en mer, segment sur lequel le groupe connaît une très forte demande. Ce sont en effet 200 gigawatts de puissance qui sont actuellement en train d’être déployées dans le monde en fermes éoliennes en mer, à horizon 2030. La valeur de câble par gigawatt est d’environ 300 millions de dollars et croit tous les ans, car la distance moyenne des fermes éoliennes en mer, aujourd’hui à 20 kms des côtes, pourrait s’étendre à 60 voire 120 km dans des zones où elles posent moins de problème de biodiversité, d’interférences avec les pêcheurs, et peuvent profiter de vents beaucoup plus forts.
Construire l’internet de l’énergie
Non seulement Nexans produit les câbles, mais elle les installe. Le groupe participe ainsi à concevoir ce que l’on appelle « l’internet de l’énergie » : des millions de câbles installés dans les fonds sous-marins pour interconnecter les pays et les continents et faciliter l’échange d’énergie. Illustration avec un projet en cours de Nexans : l’interconnexion d’Israël. Le projet vise à aller sourcer la puissance des fermes solaires israéliennes pour l'importer en Europe à travers un câble de plus de 1 200 kilomètres de distance, posé à 3 000 mètres de profondeur et relié à la Grèce. Alors qu’il existe déjà près de 6 000 kilomètres de câbles reliant l’Afrique et le Moyen-Orient à l’Europe, l’envergure de ces projets s’amplifie d’autant plus que c’est une alternative de choix pour l’Europe qui cherche à limiter sa dépendance au gaz russe en sourcant l’énergie verte là où se trouve la puissance solaire afin de l’importer en Europe.
Nexans Aurora, un câblier à la pointe de la technologie
170 mètres de longueur, 20 000 tonnes, soutenant un câble de 9 000 tonnes, 200 millions de dollars. Plus qu’un bateau, c’est une usine flottante : 90 personnes dont 20 ingénieurs y travaillent à temps plein pour piloter les 3 robots qui permettent de sceller le câble dans les fonds sous-marins. Conçu par Nexans, le bateau n’est pas reproductible par la concurrence.
Zoom sur les différents marchés de l’électrification
Distribution : le nécessaire renouvellement des réseaux électriques
Le réseau télécom et le réseau électrique n’ont malheureusement pas connu la même évolution. Cela fait maintenant 15 ans que les pays européens investissent massivement dans leurs infrastructures télécom pour démanteler l’ancien réseau de câbles en cuivre et le remplacer par la fibre optique. Ce renouvellement a permis de déployer progressivement la 2G, la 3G, la 4G et maintenant la 5G. A l’inverse, les réseaux de distribution électriques européens et américains souffrent de 15 ans de sous-investissements : une situation à adresser d’urgence.
Usages : électrification du quotidien et innovation technologique
Le segment « usages » est actuellement animé par l’électrification des bâtiments, le développement des stations de charge de véhicules électriques, mais aussi un basculement technologique majeur vers des produits résistants aux incendies : on compte aujourd’hui un départ d'incendie toutes les deux minutes dans les bâtiments, et 80% de la propagation des incendies est due aux câbles, puisqu’ils sont constitués à 90% de plastique et donc propagateurs de fumée. En Europe, et bientôt aux États-Unis, de nouvelles normes imposent donc le déploiement de câbles résistants aux incendies pour les hôpitaux, les écoles et les grands chantiers. Par ailleurs, des capteurs sont désormais installés dans les nouvelles gaines afin de pouvoir analyser et surveiller les réseaux électriques, et ce, sans intervention. Depuis 2 ans, Nexans cherche d’ailleurs à digitaliser son offre et compte désormais, au sein de son offre produit, plus de 35 000 objets connectés qui produisent de la donnée, avec un objectif fixé à 4 millions.
Le recyclage du cuivre : enjeu majeur face à une pénurie annoncée
Nexans bénéficie d’un avantage concurrentiel fort lié à une intégration verticale de ses actifs métallurgiques : le groupe se procure le cuivre nécessaire à l’activité câblière auprès de ses propres fonderies, évitant ainsi l’intermédiation. Nexans est notamment propriétaire de l’unique fonderie de cuivre en France, située à Lens, d’une méga fonderie à Montréal, et deux en Amérique du Sud.
Nexans anticipe une pénurie du cuivre dans le monde dès 2025, liée notamment au grand plan de transition énergétique chinois qui, une fois amorcé, captera 60% de la production de cuivre mondiale. Le groupe cherche donc à augmenter ses capacités de recyclage et demande à ses clients de favoriser une logique d’économie circulaire avec l’entreprise, au travers d’un message clair : vos déchets d’aujourd’hui sont votre croissance de demain.
Les programmes E3 et Shift : créer des ponts entre l’économique et l’environnement
Nexans a créé son propre modèle intégré proposant une vision holistique de la problématique « économique, engagement et environnement ». Le groupe a fait le constat que ses activités les plus profitables depuis un certain nombre d'années, étaient également les plus vertueuses, à la fois sous l’angle « environnement » et sous l’angle « engagement des collaborateurs », avec des taux de diversité, de féminisation des instances dirigeantes et de formation plus élevés que la moyenne du groupe, et un taux d’absentéisme plus faible. Au contraire, les activités les plus polluantes de la société se sont montrées les moins rentables et souffrent d’un déficit d’engagement fort. Le groupe a donc choisi de codifier les bonnes pratiques pour qu’elles soient applicables et appliquées au sein de toutes ses branches d’activités, avec une logique de rémunération « insentive » visant à accompagner le changement. L’objectif : créer des ponts entre l’économique, l’environnement et l’humain. Les actions de sélectivité, de réduction de la complexité et de recentrage managérial du groupe commencent à porter leurs fruits, puisqu’il est parvenu à réduire ses émissions de CO2 de -28%, quand l’objectif avait été fixé à -8%.
La méthodologie développée par le groupe, SHIFT, a permis de conduire la transformation de l’organisation et du portefeuille d’activité, en se concentrant sur des objectifs clairs en termes d’EBITDA, de Rentabilité des Capitaux Employés et de génération de trésorerie, se détachant ainsi de tout objectif de croissance des volumes, au profit de la création de valeur.
Sources : données Nexans au 31.03.2023. Les opinions et estimations données constituent notre jugement et sont susceptibles de changer sans préavis.
Les références à des valeurs mobilières spécifiques et à leurs émetteurs sont dans un but unique d'illustration, et ne doivent pas être interprétées comme des recommandations d'achat ou de vente de ces valeurs.