A la recherche d'impact avec Hectar - Le témoignage de Kim
A travers son fonds Sycomore Social Impact, Sycomore AM a choisi de soutenir la formation d'entrepreneurs agricoles au sein du campus Hectar. Kim Giorigi, herboriste, fait partie de la cinquième promotion du programme Hectar Tremplin, un programme entrepreneurial personnalisé pour penser et challenger son projet agricole.
Qui es-tu et quel est ton projet ?
Je suis Kim Giorgi, j’ai 35 ans et je suis paysagiste de formation et herboriste. Mon projet, c’est de combiner ces deux métiers en faisant de la production de plantes médicinales françaises de qualité avec un jardin pédagogique, un lieu où on peut transmettre le savoir et où on valorise la plante par la production d’huiles essentielles, de tisanes et de baumes qui sont de véritables compléments à la médecine conventionnelle et que le public a un peu oublié. Pour ça, il faut se former, et bien se former, ce que j’ai fait pendant 3 ans à l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales (ELPM). C’était fondamental pour moi car les plantes ça peut être dangereux, et cela nécessite de l’expertise. Ainsi je continue toujours à me former en assistant à des conférences, en consultant des livres…
Ce projet me tient à cœur car on manque de producteurs en France, et particulièrement de producteurs de plantes : on en importe 20 000 tonnes par an pour une valeur d'environ 80 millions d'euros ! Ça dépend des plantes mais beaucoup viennent de Chine, du Maroc, d’Inde, d’Allemagne, d’Espagne, de Turquie… Au-delà de l’enjeu économique, il y a un enjeu écologique. On devrait arrêter d’importer autant de plantes alors que beaucoup d'entre elles peuvent être cultivées chez nous. Mon projet c’est de valoriser les plantes qui ont été oubliées en France. Beaucoup de savoir a été perdu au fil des ans dans cette discipline.
Pourquoi as-tu souhaité participer à Hectar Tremplin ?
Même si tu es passionnée, quand tu vas voir les banques pour financer ton projet, il faut que tu prouves qu’il est robuste et rentable économiquement. J’avais besoin de structurer mon projet financièrement. Si par les autres métiers que j’ai pu exercer, j’ai appris à construire un business plan, je ne savais pas comment élaborer un business plan agricole. L’agriculture est un secteur très spécifique ; si on n’échange pas avec des personnes qui le connaissent ou qui sont issues de ce milieu c’est assez compliqué d’avancer et de pouvoir être bien conseillée. Pour ça, Hectar c’était vraiment bien, on pouvait échanger avec des agriculteurs
ou des personnes qui ont travaillé pendant 20 ans à la SAFER. Mon mentor, Nicolas, est agriculteur et c’était hyper rassurant de savoir que je pouvais apprendre de quelqu’un qui connaît le terrain et qui n’a pas peur de te confronter à la réalité du métier. Hectar m’a aidée à passer du rêve à la réalité.
J’avais aussi besoin d’organiser mes idées : qu’est-ce que je lâche, qu'est-ce que je conserve ? Au début, je ne voulais pas du tout fournir les laboratoires mais je me suis rendu compte que si je voulais être viable économiquement, il fallait que je leur dédie un hectare. En revanche, je n’ai pas lâché le jardin pédagogique !
Quels freins as-tu rencontrés lors de ton projet ?
Ma plus grosse problématique est le foncier car je n’ai pas de gros moyens, donc j’avais vraiment besoin d’aide pour structurer mon discours, mon business plan, mon statut juridique et social, comment faire le financement du projet. Tout le côté entrepreneurial et comment démontrer que le projet peut marcher. C’est une industrie risquée, il y a énormément de facteurs exogènes qu’on ne maîtrise pas : une tempête, une bâche qui s’arrache et, en l’espace d’une heure, tous tes semis sont morts. Ça c’est une réalité, et anticiper ce type d’accident n’est pas simple !
En quoi Hectar t’a aidée à avancer dans ton projet ?
Nicolas, mon mentor, a été extraordinaire, j’ai adoré travailler avec lui. On parle le même langage, et il avait cette structure que je recherchais en termes de business. Il m’a obligée à repenser les choses et réfléchir différemment. J’avais cette image un peu bucolique type “petite maison avec joli jardin derrière, des arbres fruitiers…” Il m’a aidée à réfléchir différemment et à adopter une posture entrepreneuriale que je n’avais jamais envisagée et qui m’a beaucoup rassurée. Je me vois désormais comme une cheffe d’entreprise, avec une réalité économique, une dette à rembourser et une famille à nourrir. Quand je me vois dans 10 ans, je veux que mon business roule, je ne veux pas m’épuiser pour me verser un demi-salaire. Mes grands-parents étaient agriculteurs et j’ai vu la dure vie qu’ils ont menée, donc je veux mettre toutes les chances de mon côté pour m'épanouir et vivre bien grâce à mon travail.
Maintenant que j’ai rédigé mon business plan, je sais où je vais et c’est très réconfortant. Mon objectif est de parvenir à tenir mon prévisionnel à 5 ans.
Comment vois-tu la suite de ton projet dans 1 an, 5 ans ?
Le mois prochain, je déménage dans le Sud-Ouest et je cherche un travail en tant qu’herboriste, naturopathe, ou dans la production de plantes médicinales. Je ferai ça pendant un an et, en parallèle, je chercherai un terrain et développerai mon réseau sur le territoire. Ce sera véritablement une année de démarches administratives, de rencontres pour évaluer les opportunités de mon projet dans la région.
Une fois que j’aurai trouvé le foncier, le but est de planter et transformer. Si le projet de production prend plus de temps, je commencerai par acheter des plantes et ferai mes propres mélanges que je pourrai vendre. C’est une solution à court terme, en attendant de stabiliser la production de mes plantes. Je souhaite également vendre mes plantes séchées en gros et semi-gros. Je ne veux pas courir de marché en marché toute l’année car cela nécessite beaucoup de temps pour une rentabilité assez faible. Pendant les mois d’été, quand tu es en pleine récolte et qu’en plus tu dois prendre du temps pour aller au marché le samedi, c’est vraiment difficile à tenir. Cependant, pour mes huiles essentielles et hydrolats, qui sont mieux valorisés, je les proposerai en vente directe, soit à la ferme, soit sur des événements ou des
marchés saisonniers avec une forte affluence et donc plus rémunérateurs. Je me lancerai également dans la vente en ligne.
J’ai aussi des projets d’édition sur les plantes médicinales pour créer un univers autour de mon travail.
À terme, j'aimerais que ma production et mon travail soient entièrement financés par la vente de mes plantes et produits en BtoB et BtoC, pour me dégager du temps et tenir des ateliers pédagogiques à la ferme pour les écoles, les particuliers et les entreprises.
Kim a participé à la promo 5 de notre programme Hectar Tremplin, soutenu par Sycomore Asset Management. Découvrez la philosophie du fonds Sycomore Social Impact.