Votre navigateur est obsolète! Essayer d’ouvrir cette page web sur un autre navigateur.
Aller au contenu
Experts
8 décembre 2022

Métaux et minerais de la transition énergétique : de nouveaux enjeux stratégiques


Anne-Claire Abadie
Gérante, Spécialiste Environnement

Les métaux et minerais sont au cœur d’enjeux économiques, environnementaux, sociaux et géopolitiques planétaires.


Alors que l’Europe tente d’affirmer son indépendance énergétique face à la Russie, de nouvelles questions de dépendance surgissent. Pré-guerre, la Russie constituait le principal fournisseur d’hydrocarbures de l’Union Européenne : environ 40% des importations de gaz, 20% des importations de pétrole, et 70% des importations de charbon thermique. La réponse de l’Union Européenne, au travers du plan RePowerEU, implique l’électrification croissante de l’économie (en particulier du chauffage, de la mobilité et de l’industrie) et une accélération du développement d’énergies renouvelables. Entrent alors en jeu d’autres considérations géopolitiques, environnementales et sociales

On considère qu’il existe plus de 4 000 minéraux différents, dont beaucoup contiennent des éléments métalliques. Les métaux sont des substances élémentaires, tels que l’or, l’argent et le cuivre, qui sont sous forme cristalline lorsque solide et se rencontrent naturellement dans les minéraux. Devenus essentiels à la vie moderne, les métaux et minerais revêtent aujourd’hui un caractère stratégique d’autant plus important qu’ils sont présents dans de nombreuses technologies de la transition, notamment celles liées aux énergies renouvelables et à l’électrification des transports.

Face à l’hégémonie chinoise en la matière, quid de la stratégie de l’Union Européenne pour  diversifier son approvisionnement et réduire sa dépendance ? Comment réduire l’impact environnemental et social du secteur ? 
Anne-Claire Abadie, gérante

La transition énergétique fait exploser la demande de minerais et métaux

Métaux et minerais, indispensables au déploiement des technologies vertes

Les métaux ayant pour caractéristique d’être de bons conducteurs d’électricité et de chaleur, on les retrouve donc dans bon nombre de technologies, et leur usage devrait augmenter d’autant plus significativement dans le contexte de la transition énergétique. Les technologies comme les réseaux électriques, les panneaux photovoltaïques, les éoliennes, les voitures électriques, les batteries de stockage… sont, en effet, très consommatrices de métaux. Par exemple, une éolienne contient du cuivre, du fer, de l’acier, de l’aluminium, du zinc, du néodyme, du dysprosium, du terbium. Une voiture électrique requiert 6x plus de métaux qu’un véhicule conventionnel. L’éolien offshore requiert 10x plus de métaux que les centrale à gaz. Selon l’ADEME, une éolienne consomme 17 kg de terres rares et une voiture électrique, 5 à 9 kg de cobalt.

Le cuivre est également l’un des métaux incontournables de la transition énergétique, que ce soit dans les technologies liées aux énergies renouvelables, ou dans les réseaux de transmission et distribution d’électricité. On le trouve de manière assez abondante dans la croûte terrestre. Le lithium, quant à lui, est présent dans les batteries électriques, tout comme le cobalt et le nickel.

L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a apprécié l’évolution de la demande mondiale en métaux et minéraux selon divers scénarios : la tendance actuelle (2040 – Stated Policies Scenario), une trajectoire +2°C (2040 – Sustainable Development Scenario) et une trajectoire +1,5°C (2040 – Net-zero by 2050 scenarios). Elle estime ainsi que la demande devrait être multipliée au minimum par 2 d’ici 2040 dans le scénario le moins exigeant, et jusqu’à 6 fois dans un scénario Net Zero. Par ailleurs, l’AIE évalue, dans un scénario +2°C, que la demande en minéraux nécessaires aux voitures électriques et aux batteries devrait être multipliée par 30 d’ici 2040, le lithium étant le plus demandé.

Des enjeux géopolitiques pour l’approvisionnement

Matières critiques et dépendance

L’Union Européenne, tout comme les Etats-Unis, a dressé une liste des matières premières critiques, et la plupart sont des métaux. Une matière première est dite critique quand elle est utilisée dans de nombreux secteurs de l'industrie, difficilement substituable à court terme, dotée d'une grande valeur économique et dont les réserves et la production sont concentrées géographiquement. L’UE prend aussi en compte le risque « pays » des fournisseurs, comprenant les aspects environnementaux et les restrictions des échanges commerciaux.

Parmi ces matières critiques, on retrouve ainsi : le lithium, le magnésium, le cobalt, le titane et certaines terres rares. La criticité économique du lithium, par exemple, est principalement liée à la concentration des réserves – 5 acteurs contrôlent 90% du marché – mais aussi à l’absence de transparence sur les prix. Le cobalt, quant à lui, présente un niveau de criticité géologique élevé mais, surtout, son approvisionnement pourrait se voir contraint du fait des tensions géopolitiques autour de la matière. Plus de 70% des ressources se trouvent en République Démocratique du Congo (RDC).

Hégémonie chinoise

Les graphiques ci-dessous montrent l’importance de la Chine dans la production de terres rares, mais aussi sa quasi-hégémonie quant au raffinage de la plupart des métaux. La Chine fournissait ainsi 98% de l’approvisionnement de l’UE en terres rares en 2020. L’Afrique du Sud subvenait à 71 % des besoins de l’UE en platine, et plus encore pour ce qui est de l’iridium, du rhodium et du ruthénium.

La Commission Européenne travaille à diversifier l’approvisionnement, réduire les dépendances à d'autres pays et améliorer l’efficacité et la circularité des ressources :

  • Elle vise, tout d’abord, à favoriser l’approvisionnement auprès de l’Union Européenne, qui détient des ressources de métaux non-exploitées. La European Battery Alliance devrait par exemple permettre de satisfaire 80% de la demande européenne de lithium à partir de sources européennes, d’ici 2025.

  • Par ailleurs, elle tend à nouer des partenariats avec les pays tiers exportateurs, leur permettant de développer leurs ressources minérales de manière durable et assurant des relations de confiance entre l’UE et ces pays.

  • Enfin, l’UE investit dans sa filière de recyclage et dans l’innovation. En 2020, plus de 50% de certains métaux, comme le fer, le zinc ou le platine, étaient recyclés, et comptaient déjà pour plus de 25% de la consommation de l’UE. Pour d’autres, cependant, et notamment ceux nécessaires aux technologies des énergies renouvelables, l’apport de matières secondaires reste encore négligeable.

Des enjeux environnementaux et sociaux

L’exploitation des métaux  nécessaires à la transition énergétique, notamment dans le cadre du déploiement des énergies renouvelables, pose également la question de son impact social et environnemental. Certaines mines, en RDC par exemple, ne respectent ni les droits du travail ni les méthodes permettant de limiter l’impact environnemental de l’exploitation.

Ces pratiques, outre le caractère scandaleux qu’elles revêtent, conduisent à un désengagement de la part des politiques et des investisseurs et un rejet de l’opinion publique des projets miniers. Des projets d'exploitation de lithium ont notamment été suspendus en Bolivie et en Serbie du fait de l’opposition locale. L’Union Européenne a donc mis en place, depuis janvier 2021, un règlement sur les minerais provenant de zones de conflit, fixant des obligations liées au devoir de diligence à l’égard de la chaîne d’approvisionnement.

Comment se positionner sur les métaux de la transition ?

Du côté des entreprises, de bonnes pratiques existent. Le modèle d’analyse fondamentale propriétaire de Sycomore AM, SPICE, permet de prendre pleinement en compte les aspects extra-financiers spécifiques au secteur dans les décisions d’investissement.

La NEC, notre boussole dans la transition écologique

Pour évaluer l’impact environnemental des entreprises du secteur des métaux et minerais, nous utilisons la NEC, un indicateur environnemental multi-enjeux mesurant le degré de contribution d’une activité économique à la transition écologique. Applicable à tous les métiers et à toutes les classes d’actifs, la NEC s’échelonne de -100% à +100% et couvre non seulement l’ensemble des enjeux climatiques, mais également ceux liés à la biodiversité, comme l’utilisation de l’eau et les pollutions, et ceux liés aux ressources, comme la gestion des déchets.

Nos solutions d’investissement pour une transition soutenable du point de vue des ressources

La sélection de valeurs de nos fonds « environnement » Sycomore Europe Eco Solutions et Sycomore Global Eco Solutions exige ainsi des entreprises sélectionnées en portefeuilles qu’elles justifient d’une NEC strictement positive (i.e. une contribution claire à la transition écologique et énergétique, au travers de 8 sous-thèmes environnementaux).

Cette exigence s’applique naturellement aux entreprises du secteur des métaux et minerais, pour ne sélectionner que des entreprises contribuant à un monde plus sobre en carbone et plus respectueux du capital naturel. Nous cherchons notamment à nous assurer que les entreprises qui produisent les métaux de la transition suivent une stratégie de réduction de leur impact, notamment en termes d’émissions et de pollution. Au travers de notre modèle d’analyse, nous portons également une attention particulière au respect des droits humains et aux relations entretenues avec les fournisseurs de matières premières.

Les entreprises cotées face aux défis des métaux de la transition


Partager l’article

Métaux et minerais de la transition énergétique : de nouveaux enjeux stratégiques

Suivez nos actualités

Abonnez-vous à nos communications par e-mail en remplissant ce formulaire.
En cliquant sur « S’abonner », vous acceptez notre politique de confidentialité.