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Nouveautés
17 décembre 2024

Vers une année 2025 sinueuse


Pierre-Alexis Dumont
Directeur des investissements

2025 sera l’année du serpent de bois d’après l’horoscope chinois. Ainsi, les marchés financiers pourraient rester en proie à la volatilité et onduler au gré des événements géopolitiques et macroéconomiques.

Ce 1er quart de siècle s’achèvera sous le signe de l’incertitude, entretenue notamment par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, la chute de Bachar al-Assad en Syrie qui rebat les cartes au Moyen-Orient, l’enlisement du conflit en Ukraine ou encore la formation d’un nouveau gouvernement des deux côtés du Rhin.

Le manque de visibilité sur les marchés s’accompagne selon nous d’une probabilité plus élevée qu’en 2024 de voir des risques extrêmes se matérialiser au cours des prochains mois. Dans ce contexte, agilité et sélectivité seront les maîtres-mots pour naviguer sur les marchés.


Don't fight... Trump

Le 47ème Président américain, souvent qualifié d’imprévisible, entend mettre en œuvre un programme disruptif et ouvertement protectionniste, procyclique et potentiellement inflationniste. Avec un seul mot d’ordre : « America first »

En s’attaquant aux déficits américains - à la fois déficit public et balance commerciale - tout en promettant une vague massive de dérégulation, Donald Trump compte transformer en profondeur la structure de l’économie américaine. 

En matière de barrières douanières, le nouveau président pourrait agiter le spectre de leur mise en place uniquement à des fins de négociation, possiblement musclée, mais sans réelle volonté de les instaurer ou dans des proportions moindres par comparaison avec la menace brandie initialement.

Une guerre commerciale ouverte et durable entre les Etats-Unis et la Chine semble assez peu probable. Pékin a des atouts à faire valoir dans les discussions, à l’image d’une balance des capitaux très favorable. L’Europe, pour sa part, pourrait représenter une cible plus vulnérable.   

Si Donald Trump s’en tient à brandir la menace de relever les droits de douane, peu ou pas suivie d’effets, tandis qu’il met l’accent sur le rééquilibrage des comptes de l’Etat, l’impact sur les taux et l’inflation s’en trouvera limité selon nous.  

Les entreprises américaines, soutenues par une politique fiscale accommodante, sortiront quant à elles gagnantes. Les fusions/acquisitions pourraient se multiplier dans un contexte redevenu propice à ce type d’opérations. 

Il faut garder en tête que les promesses du nouveau président américain s’accompagnent de leur lot d’incertitudes, d’autant plus qu’il ne visera pas sa réélection. Des interrogations entourent toujours ses marges de manœuvre réelles, notamment sur le plan législatif.  

« La Value et les petites capitalisations aux Etats-Unis retrouvent la faveur des investisseurs au détriment de la Croissance »

Les actifs à privilégier

Les investisseurs n’ont d’yeux que pour les Etats-Unis comme en témoignent les flux record enregistrés à destination des fonds actions américaines. Les mesures pro-croissance attendues de la part du nouveau président américain suscitent en effet beaucoup d’espoir. La réussite du programme du candidat Trump est d’ores et déjà pleinement intégrée dans les cours, laissant peu de place à d’éventuelles déceptions.

Le positionnement optimiste des investisseurs se traduit par des valorisations au plus haut pour les actions américaines, proches d’un niveau que l’on peut qualifier de « price to perfection ». Il représente un risque à piloter de façon très active.

Dans un contexte de forte dispersion des valorisations, une rotation s’est enclenchée entre zones géographiques, classes d’actifs, secteurs mais également intra-sectorielle. La Value et les petites capitalisations aux Etats-Unis retrouvent la faveur des investisseurs au détriment de la Croissance. Les valeurs cycliques ont à nouveau la cote et font de l’ombre aux titres défensifs.

Le découplage macro-économique, caractérisé par une croissance économique atone en Europe mais dynamique et un vent d’optimisme outre-Atlantique, est à l’œuvre. Il nous invite à adopter une vision constructive à l’égard des marchés américains, dont la trajectoire pourrait toutefois être erratique.

Avec un scénario si consensuellement partagé et un programme disruptif, le changement de leadership sur le marché actions américain est probable en 2025 et nous conduit à privilégier les sociétés exposées à la croissance domestique et plutôt immunes à la mise en place de barrières douanières. Nous favorisons également les entreprises qui profiteront d’un renforcement du dollar avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.

Concernant les marchés du crédit, les Etats-Unis comme l’Europe nous semblent attractifs au regard du couple rendement / risque. Sur le Vieux Continent, des spreads comprimés sont le reflet d’un niveau mesuré de taux de défaut, signe de bonne santé des entreprises. Un portage favorable et un potentiel de baisse des taux constituent selon nous les deux moteurs de performance pour les mois à venir.

L'ESG est mort, vive l'ESG

De prime abord, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir ne constitue pas une bonne nouvelle pour la planète. Elon Musk, à la tête du ministère nouvellement créé de l’efficacité gouvernementale, entend revoir le plan d’investissements de Joe Biden en faveur de la transition énergétique. Toutefois, peut-on s’attendre à un certain pragmatisme de la part de l’administration Trump ?

Le même Elon Musk, propriétaire de Tesla, vend des véhicules électriques. Chris Wright, nommé au Département de l’Energie, est certes climato-sceptique mais croit dans la géothermie et le nucléaire. Par ailleurs, le patron d’Exxon Mobil a plaidé pour que les Etats-Unis restent signataires de l’Accord de Paris, pour continuer à bénéficier des crédits d’impôts et en raison des investissements déjà engagés.

Dans un contexte de critiques exacerbées de l’ESG aux Etats-Unis, l’Europe aura un rôle-clé à jouer pour poursuivre les efforts de décarbonation plus que jamais nécessaires pour limiter le réchauffement climatique.

« Dans un contexte de critiques exacerbées de l’ESG aux Etats-Unis, l’Europe aura un rôle-clé à jouer pour poursuivre les efforts de décarbonation »

La double matérialité, recouvrant la performance financière et extra-financière d’une entreprise, sera d'autant plus importante à considérer en tant que prisme d'investissement.

Des raisons d'espérer pour l'Europe

L’Europe affiche une décote historique par rapport aux Etats-Unis, avec des multiples sur les résultats 2025 de 13,7 fois contre 22,2 fois outre-Atlantique*, non justifiée par la dynamique bénéficiaire. Totalement délaissé dans sa globalité par les investisseurs persuadés qu’il manque de catalyseurs, le Vieux Continent pourrait néanmoins bénéficier de plusieurs moteurs pour voir sa croissance redémarrer.

Au regard du niveau de pessimisme concernant la zone, il suffirait de peu de choses pour faire rebondir les actions européennes : un plan de relance de l’économie chinoise, une résolution du conflit en Ukraine, un éventuel réveil européen au plan économique, une résolution de la crise politique en Allemagne et en France, sont de nature à retourner le sentiment de marché.

Quant à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, il fait couler beaucoup d’encre et agite le débat politique mais n’aura que peu d’impact économique et financier. Sur un plan micro-économique, les taux de défaut des entreprises pourraient remonter très progressivement mais restent actuellement à un niveau historiquement bas.

Nous considérons que l’accélération du cycle de baisse des taux d’intérêt amorcé par la BCE viendra soutenir des valorisations que nous jugeons très raisonnables sur les marchés actions européens. Leur rendement, comprenant les dividendes et rachats de titres, s’avère particulièrement élevé.    

«  Au regard du niveau de pessimisme concernant la zone, il suffirait de peu de choses pour faire rebondir les actions européennes »

La croissance des résultats devrait se poursuivre et s’accompagner d’un momentum positif concernant des mégatendances telles que la digitalisation, l’électrification ou encore la santé. Certains marchés en souffrance, à l’image de la construction, pourraient bénéficier d’une reprise graduelle. En outre, les entreprises au fort pricing power tireront leur épingle du jeu.

L’intérêt marqué des investisseurs pour les Etats-Unis ne doit pas occulter le potentiel que recèle toujours l’Europe. Dans un contexte de mutations profondes aux plans géopolitique et économique, la sélection de titres s’avérera décisive pour générer de la performance sur les marchés financiers en 2025.

Les opinions, estimations ou prévisions formulées quant aux tendances du marché constituent notre jugement et sont susceptibles de changer sans préavis, de même que les assertions quant aux tendances des marchés financiers, qui sont fondées sur les conditions actuelles de ces marchés. Aucun engagement n’est pris par Sycomore AM quant à leur réalisation. Les références à des valeurs mobilières spécifiques et à leurs émetteurs sont dans un but unique d'illustration, et ne doivent pas être interprétées comme des recommandations d'achat ou de vente de ces valeurs. Nous vous recommandons de vous informer soigneusement avant de prendre une décision d'investissement.

*Sources : Sycomore AM ; Bloomberg. Données au 12/12/2024.


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